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2024Approche intégrée des interactions entre les sociétés insulaires et leurs milieux. Étude de cas à La Réunion et à TahitiThèse de Romain Pinel
Présentation
L’accélération des évolutions socio-environnementales poussent les chercheurs, quelles que soient leurs disciplines, à s’intéresser aux interactions entre les systèmes humains et non-humains, comme le soulignent les rapports du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC). Les territoires insulaires présentent alors des atouts dans la perspective d’étudier cette interdépendance puisque les communautés qui y vivent ont de tout temps trouvé des stratégies d’adaptation indispensables aux conditions de vie (espace restreint, ressources limitées, isolement géographique, etc.).
Au vu de la diversité des usagers qui y interagissent, le milieu marin en contexte insulaire est un espace ressource multi-usage, illustrant la complexité des interactions entre les sociétés humaines et leur environnement. Certaines activités humaines peuvent remettre en question la viabilité, aussi bien sociale qu’écologique, dans un contexte où des usagers, tels que les pêcheurs ou les prestataires touristiques, sont directement dépendants des services écosystémiques (services rendus par la nature). L’absence de complémentarité entre les usages peut alors occasionner des conflits entre les acteurs (conflits humains-humains) et avec le milieu naturel (conflits humains-non-humains). Dans cette étude, nous explorons la possibilité de concilier le développement socio-économique et la conservation des ressources naturelles. Nous questionnons également la manière dont les communautés locales perçoivent les outils de gestion du milieu marin. Il nous semble alors crucial d’identifier les facteurs qui encouragent (ou non) les usagers de la ressource à investir du temps et de l’énergie dans sa préservation. Pour répondre à ces questionnements, nous proposons une approche qui mobilise la Grounded Theory, en croisant les résultats des travaux ethnographiques menés au sein de deux milieux marins insulaires : La Réunion (France) et Tahiti (Polynésie française).
À travers cette thèse qui s’inscrit dans le champ de la sociologie de l’environnement, nous avons recueilli des données qualitatives en mobilisant trois outils (triangulation). Nous avons mené des entretiens semi-directifs (n=100), des observations ethnographiques prolongées sur plusieurs années (participantes et non participantes), et collecté des données sur des réseaux sociaux. Notre ambition est ainsi de révéler la pluralité des enjeux socio-anthropologiques, politiques, écologiques et économiques, qui jouent un rôle dans la gestion des milieux marins et ainsi, l’intérêt de les appréhender sous l’angle des socio-écosystèmes (SES – Socio-Ecological Systems). Les résultats permettent de mesurer à quel point le contrôle social exercé par les riverains permet de générer une médiation socio-environnementale, mais aussi que les savoirs locaux et les mécanismes de consultation des usagers du milieu marin sont autant d’éléments qui, lorsqu’ils sont pris en compte dans la conception des outils de gestion, réduisent les conflits entre les acteurs. Cela suppose alors d’étudier davantage l’hypothèse selon laquelle l’adaptation des sociétés contemporaines aux évolutions socio-écologiques en cours est liée à la fructification du passé des territoires insulaires et des savoir-faire locaux qui y ont été développés.
Mots clés : Sociologie de l’environnement, Socio-écosystèmes, Viabilité insulaire, Interactions humains-non-humains, Sociétés (post)coloniales
2024« Gouverner les communs » depuis les Outre-mer : Esquisser les contours de l’engagement réunionnais dans la gouvernance internationale de la biodiversité marineMémoire de Marion Payet
Présentation
Mémoire de recherche en relations internationales, École de la recherche de Sciences Po Paris
Ce mémoire se propose d’étudier les modalités d’engagement des acteurs publics de l’île de La Réunion dans les espaces de gouvernance internationale de la biodiversité marine. Il s’agit d’interroger cet acteur subétatique ultramarin en sa qualité d’acteur à la fois environnemental et international, afin de comprendre ce qui le conduit à s’engager dans ces espaces. Comprendre cet engagement nécessite de retracer les trajectoires, d’une part, de la façon dont il conçoit son environnement, et d’autre part, dont il se conçoit dans l’espace international, ainsi que les liens opérés par les acteurs entre ces deux positionnements. Par ailleurs, le projet propose d’analyser les moyens déployés lorsqu’ils partent à l’international (« go abroad », en anglais). Ce mémoire ambitionne ainsi d’interroger les liens entre la volonté d’une action internationale et les enjeux environnementaux ultramarins, au croisement des enjeux sociaux, économiques et politiques à l’île de La Réunion. Cette démarche nécessite de replacer l’île dans sa trajectoire sociohistorique coloniale, ainsi que sa construction culturelle et identitaire, afin de comprendre comment l’environnement est construit et gouverné par les Réunionnais, et depuis La Réunion.
2024Trajectoires d’intégrations des politiques de la mer dans l’archipel des Marquises (Polynésie française)Thèse de Valentin Raymond
Présentation
Cette thèse propose d’étudier la manière dont les communautés polynésiennes sont associées à l’élaboration et la mise en œuvre du gouvernement de la mer, entendu aussi bien comme la gestion que la conservation de la biodiversité marine. Cela implique de comprendre non seulement les raisons politiques et écologiques qui poussent les pouvoirs publics à impliquer les communautés locales dans des politiques environnementales, mais aussi les effets que cette intégration produit. En effet, la rencontre entre des dispositifs politiques – porteurs de certaines valeurs et des communautés locales ayant des représentations différentes de l’environnement – n’est pas sans conséquence sur les communautés, la biodiversité comme les pratiques de gouvernement. Replacer l’association des populations locales dans les politiques environnementales en Polynésie française entraîne nécessairement un questionnement sur la nature ultramarine de ce territoire, à la fois dans une histoire coloniale, participant à une méfiance vis-à-vis de la métropole et une affirmation autonomiste bien présente dans la région Pacifique, ainsi qu’en raison d’inégalités socio-économiques et environnementales importantes.
2024Du conflit à la coexistence : comprendre les mécanismes sociologiques et écologiques des conflits d’usage entre pêcheries et mégafaune marine pour en identifier les solutionsThèse de Margaux Mollier
Présentation
Contexte
Les conflits d’usage (ci-après « conflits ») entre les hommes et les espèces animales résultent d’une compétition pour l’espace et les ressources. Ces conflits ont toujours existé mais le poids des enjeux socio-économiques et écologiques qui y sont associés ont été aujourd’hui exacerbés par l’accélération de la croissance démographique humaine, des changements globaux et de la perte en biodiversité. Or les solutions effectives et durables à la coexistence humains – espèces animales, cristallisée autour de compromis entre viabilité des activités socio-économiques, sécurité alimentaire des populations humaines et conservation des espèces animales, restent encore limitées et sont devenues aujourd’hui un défi sociétal et environnemental majeur. En milieu marin, l’expansion et l’intensification des activités de pêche à large échelle au cours des 60 dernières années, combinée au déclin des stocks halieutiques, a augmenté la fréquence et la sévérité des conflits entre les humains et la mégafaune marine (requins, tortues, oiseaux et mammifères marins). Ils se traduisent par un ensemble d’interactions directes, notamment les captures accidentelles et la déprédation (prise alimentaire directe sur le matériel de pêche par les espèces animales), et indirectes ou biologiques, telles qu’une compétition pour la ressource et autres effets écosystémiques associés à l’exploitation. Les conflits pêcheries – mégafaune marine, par définition, ont des coûts pour les communautés humaines associées à l’activité pêche et pour les espèces de mégafaune impliquées. Cumulés, l’ensemble des coûts associés à ces conflits perturbe profondément de multiples compartiments des socio-écosystèmes marins, menaçant leur équilibre, leur fonctionnement et par conséquent leur durabilité sur le long-terme. Or, la majorité des études ont jusqu’à présent examiné les conflits par des approches mono-sectorielles ou unilatérales concentrées sur un nombre limité de composantes des socio-écosystèmes, un seul type d’enjeu (social, économique ou de conservation) et séparant l’activité humaine des autres groupes fonctionnels.
Les objectifs
A partir de deux cas de conflits pêcherie – mégafaune marine contrastés (Terres australes françaises (ZEE des îles Crozet et Kerguelen) et ZEE de Nouvelle-Calédonie), la thèse a pour objectif de développer et centraliser les connaissances sur les causes et conséquences sociologiques et écologiques des conflits, et d’utiliser ces connaissances pour identifier les conditions, génériques ou ajustées au local, nécessaires au maintien de socio-écosystèmes (maintien de l’activité humaine, de la fonctionnalité des écosystèmes et des populations animales impliquées) stressés par ces conflits. Dans le cadre de travail de la science de la durabilité, ce projet s’appuiera sur une approche de recherche intégrée et interdisciplinaire, combinant les sciences humaines et sociales (SHS) à l’écologie animale. Elle s’articulera autour de trois axes principaux ayant pour but i) d’évaluer l’intensité des conflits pêcheries – mégafaune marine et leurs impacts sur l’activité pêche et les communautés qui en dépendent, sur les espèces impliquées et sur les écosystèmes associés ii) de comprendre les mécanismes socio-politiques et écologiques menant à l’établissement de ces conflits, et iii) à partir des résultats de i) et ii) d’identifier les voies et les leviers possibles pour la gestion et la minimisation durable de ces conflits à travers une possible transformation de la pratique de pêche et du système de gouvernance en charge de formuler et d’appliquer les mesures de gestion.
2024La gouvernance de l’interface terre-mer et l’exploitation des ressources côtières. Une ethnographie politique de l’Europe du NordThèse d’Anatole Danto
Présentation
Le terre-mer fait l’objet depuis plusieurs années d’une attention renouvelée, tant de la part du scientifique que du politique. A travers l’analyse des cadres d’exploitations, pluriels, des ressources côtières naturelles, et notamment des espèces grandes migratrices animales (poissons, oiseaux, …) par des activités halieutiques ou cynégétiques, nous décryptons les changements à l’œuvre à l’époque contemporaine, et la manière dont le terre-mer émerge ou se perpétue en tant que catégories, scientifique, politique, et ontologique. Nous déployons une approche ethnographique consacrée aux socio-écosystèmes côtiers à l’échelle de différents terrains du nord de l’Europe, prise en tant qu’aire culturelle, qui forment un terrain multisite.
2024De l’écologie du paysage à la planification territoriale : vers une gestion intégrée des récifs coralliens de La RéunionThèse de Léo Broudic
Lien :voir sur le web
Présentation
Les récifs coralliens sont un écosystème qui offre de multiples manières d’habiter le littoral, notamment à travers une barrière physique qui protège la population côtière des fortes houles et des cyclones ainsi qu’une réserve de protéine animale conséquente. Pourtant, les récifs coralliens sont soumis aux pressions émises par certaines manières d’habiter la terre, aussi bien à l’échelle globale avec les changements globaux qu’à l’échelle locale avec certaines manières d’aménager les bassins versants.
Entre 2009 et 2018, ce sont 14% des récifs coralliens du monde qui ont disparu. Pour La Réunion, le constat est aussi sombre, avec un recouvrement corallien sur l’ensemble du récif réunionnais de 18%. La Réunion a subi un aménagement du territoire accéléré depuis sa départementalisation en 1946, notamment le littoral ouest et sud, où se localisent les récifs de La Réunion. Les écosystèmes de savane qui dominaient le littoral ont laissé la place à un développement socio-économique basé sur le tourisme. Ce même tourisme est favorisé par l’image d’une Réunion sauvage et intense, avec ses montagnes et son lagon. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec un littoral urbanisé, un tourisme en constante expansion et un récif corallien qui se meurt. Pourtant, les scientifiques ont commencé à sensibiliser sur la dégradation du récif dès les années 1970.
Nous sommes donc face à une impasse territoriale qui déboucherait, si rien n’est fait, sur une perte drastique des récifs coralliens, qui entraînerait une modification de la manière d’habiter le littoral avec des populations délogées et un développement socio-économique, basé sur le tourisme, en péril. Face à ce constat, il semble urgent de (i) comprendre la trajectoire des socio-écosystèmes de La Réunion depuis 1970 jusqu’à aujourd’hui tout en (ii) évaluant la place des récifs coralliens dans la planification territoriale à moyen terme et (iii) en décortiquant le triptyque entre pouvoirs publics, scientifiques et population à travers le milieu militant. Pour considérer les récifs coralliens dans la planification territoriale à la hauteur de leur interdépendance avec la population réunionnaise, un outil d’aide à la décision basé sur (i) la cartographie de l’état de santé des récifs coralliens, (ii) la compréhension plus fine des liens de causalité entre les pressions et l’état de santé ainsi que (iii) de modèles de prédiction sont en cours de réalisation. Ainsi, nous pourrons espérer que les pouvoirs publics seront en possession d’outils adéquats pour l’élaboration d’une planification territoriale conciliant les besoins humains et la pérennité des récifs coralliens.
Cours Mer et océan – Sciences Po
COLLÈGE UNIVERSITAIRE DE SCIENCES PO
Programme Europe – Amérique latine – Caraïbes / Semestre 4
Possibilité de valider le Certificat Mers & Océans en 2ème année
Cours séminaires trans-majeures
Gouverner la mer face au changement global : des enjeux socio-écologiques aux stratégies géopolitique
Ce cours est destiné aux étudiants qui s’intéressent aux enjeux liés à la gouvernance des mers et des océans dans le contexte du changement global. Il a vocation à démontrer la nécessité d’appréhender de manière imbriquée les qui caractérisent et affectent les océans qui couvrent 70% de la surface terrestre. Face aux pressions grandissantes sur les ressources naturelles marines, aux stratégies d’accaparement des espaces maritimes et à la politisation des océans, compte-tenu des perturbations qu’ils subissent en raison des dérèglements climatiques et des usages anthropiques dont ils font l’usage, mais aussi en raison des services qu’ils renvoient aux sociétés humaines qui en dépendent, il est nécessaire de concilier protection et exploitation des mers et des océans tout en intégrant leurs changements. Le cours abordera ainsi, dans la profondeur historique et dans l’actualité, les enjeux politiques, diplomatiques, économiques et géostratégiques, de la zone côtière à la haute mer. Une attention particulière sera accordée aux outre-mer, en première ligne du changement global, soumise à des problématiques comme l’élévation du niveau de la mer, l’exploration des grands fonds ou encore la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.
Enseignante :Camille Mazé
Travaux :
- Entretien avec Hervé Raimana LALLEMANT-ROE
Théo Chêne - Jeux Olympiques 2024 à Teahupoo
Anélya Milon, Estelle Sabourault - L’insuffisante couverture médiatique des migrations climatiques forcées
Arthur Caillet, Maxime Calicharane - Les Iles Éparses : un espace en tension entre revendications territoriales et gestion des ressources
Anaëlle Oui, Chayma Simour - Les incertitudes juridiques liées aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer sur les frontières maritimes
Théo Chêne - Les innovations techniques : un remède aux changements climatiques ou une quête économique pour les entreprises
Lalie Delalande, Soumeya Kerriche, Tais Morel - La gouvernance française des écosystèmes dans le canal du Mozambique, zone sous haute tension
Gabriel Camon, Daphecar Dorsainvil